L’épervier d’Europe est utilisé en fauconnerie depuis au moins le XVIe siècle si l’on s’en réfère aux différents traités de fauconnerie qui ont pu retracer une partie de l’histoire de cet oiseau mythique.
Courageux, hardi, tenace, époustouflant, bien des mots ont qualifié ce petit rapace commun en France.
Il a été l’oiseau des dames au moyen âge, mentionné dans certains ouvrages de William Shakespeare et également présent dans la mythologie germanique ou encore dans la poésie. Partons à la découverte de cet oiseau fabuleux qui saura satisfaire le plus exigeant des fauconniers.
L’épervier d’Europe est un petit rapace commun en France très souvent confondu avec l’autour des palombes. Cependant le gabarit et la morphologie de l’épervier sont différent de celle de son cousin. Les mâles (appelé mouchet pour l’épervier) pèsent entre 110 et 196 grammes et les femelles pèsent entre 185 et 350 grammes.
Ce dimorphisme sexuel est courant chez les rapaces, les femelles sont plus grandes et plus puissantes que les mâles. Généralement à plus d’un tiers, c’est pourquoi nous nommons en fauconnerie “tiercelet” les mâles.
L’iris de l’épervier est jaune pouvant tirer sur l’orange/rouge avec l’âge, l’œil est surmonté d’un sourcil pâle devenant également plus contrasté avec l’âge.
Juvénile, la femelle et le mouchet se ressemblent au niveau du plumage (marron-gris) bien que certains mâles puissent déjà avoir un plumage plus coloré.
Certaines femelles peuvent également présenter un plumage tirant sur le roux mais cela ne sera jamais aussi marqué qu’un mouchet. Une petite femelle juvénile peut ainsi être confondue avec les mouchets les moins roux.
Que cela soit pour la femelle ou le mâle, le dos est gris-ardoisé (pouvant tendre sur le bleuâtre) et ces couleurs deviendront de plus en plus contrastées en fonction de l’âge de l’oiseau.
Le plastron de la femelle est finement barré de gris alors que celui du mâle sera barré de roux. Les plumes sous caudales sont blanches et les plumes de la queue (du balai) possèdent entre 4 à 5 barres selon la sous espèce concernée. (il existe à ce titre 7 sous espèces chez l’épervier)
Les pattes sont de couleur jaune, elles sont fines et longues. Ses longs doigts sont parfaitement adaptés à la capture d’oiseaux.
Sa durée de vie est généralement de 4 ans à l’état sauvage, le record est de 20 ans et 3 mois pour un individu bagué retrouvé mort au Danemark.
L’épervier d’Europe est commun en France et il est l’un des rapaces les plus communs en Europe avec la buse variable et le faucon crécerelle.
Cette espèce fréquente principalement des zones boisées ou des bois légèrement clairsemés. Il chasse principalement au niveau de petites haies, des lisières, afin de capturer par surprise des oiseaux. Il peut être aperçu dans les jardins, dans les parcs et occasionnellement dans les zones urbaines.
L’épervier d’Europe est un prédateur redoutable d’oiseaux des bois même si seulement 10% de ses attaques sont couronnées de succès.
Il est un oiseau spécialisé dans l’attaque par surprise en dissimulant sa présence en vol derrière les haies, les taillis, les bosquets afin de surgir d’un coup sur sa proie.
Ce rapace particulièrement agile est capable de prouesses de vol impressionnantes, sa stratégie consiste à rester caché jusqu’à ce que la bonne occasion se présente. Le mâle peut ainsi fréquenter les mangeoires de jardin en attendant patiemment qu’un passereau soit distrait par de la nourriture.
Les mâles consommeront des oiseaux entre 40 et 120 grammes, la femelle sera capables d’attaquer des proies pesant 500 grammes. Les mâles consomment entre 40 et 50 grammes de viande là où les femelles en consomment entre 50 et 70 grammes.
Les proies sont principalement composées de : Passereaux, merles, pies, pigeons et tourterelles.
L’épervier d’Europe peut avoir une stratégie de nidification relativement opportuniste selon la région. Nous parlerons donc ici du comportement de nidification classique de l’épervier.
Il se reproduit principalement dans les forêts de conifères ni trop ouvertes, ni trop denses. Le nid est situé généralement au niveau de la fourche de l’arbre, souvent prêt du tronc, sur la base de deux ou trois branches.
Cet accipiter a également une préférence pour les épicéas selon les différentes études qui ont pu être consacrées à ce sujet. Il peut parfois se montrer opportuniste et se servir d’un ancien nid d’un pigeon ramier. Un nouveau nid est généralement construit chaque année et ils peuvent aussi re utiliser le nid de l’année précédente si le couple subsiste. Le diamètre du nid mesure 60cm et le mâle est le principal acteur de sa construction.
Le nid est constitué de brindilles parfaitement ordonnées, le revêtement pour la ponte est constitué d’écorces et de petites brindilles. La femelle pondra entre 4 et 5 œufs fin mai et l’incubation est assurée uniquement par la femelle. Elle sera nourrie par son mâle qui chassera pour elle.
Les poussins écloront après 33 et 35 jours de couvaison. Ils seront ensuite nourris par la femelle environ pendant 14 jours après que le mâle ait rapporté et déplumé la proie. Il apportera environ 6 proies par jour la première semaine, puis 8 proies par jour la deuxième semaine. Il pourra apporter jusqu’à 10 proies par jour lors de la dernière semaine.
Entre 24 et 28 jours après l’éclosion, les poussins ont désormais perdus leur duvet blanc et ils commencent à devenir “branchiers”. C’est à dire qu’ils se baladent au tour de l’aire afin d’entrainer leur mobilité et leur futur envol.
Pendant tout ce processus les parents resteront à proximité tout en apprenant à leurs jeunes l’art de la chasse. Les jeunes se disperseront définitivement une fois que les parents cesseront de les nourrir. Les mâles prennent leur envol avant les femelles.
Le saviez-vous ? Pendant la saison de reproduction l’épervier neutralise tout un périmètre autour de son aire sur lequel il ne chassera pas. IL est donc courant d’observer beaucoup d’oiseaux se reproduire juste à côté d’un couple d’épervier. Ils sont ainsi protégés naturellement par le couple de prédateur qui s’est installé.
L’épervier d’Europe est considéré comme étant l’un des oiseaux les plus difficiles en fauconnerie. Il n’est pas abordable pour un débutant et nous recommandons au fauconnier d’avoir eu au moins une expérience positive de plusieurs années avec un autour des palombes.
En effet, l’épervier est un oiseau qui demande une rigueur et une minutie très importante ainsi qu’une bonne connaissance du métabolisme des petits rapaces.
Généralement c’est la femelle qui est privilégiée car elle permets de s’attaquer à un plus large choix de gibier. Néanmoins, le mâle, jugé encore plus difficile peut également être utilisé pour les grives, les étourneaux, les bécassines. et même les merles.
La femelle quant à elle pourra attaquer à un gibier de la taille d’un merle jusqu’à une perdrix. L’esparveteur privilégie généralement le merle, la bécassine et la bécasse. Tous ces gibiers sont considérés comme des gibiers suprêmes en fauconnerie de par leur difficulté.
L’esparveteur peut chasser avec ou sans chien selon le gibier sur lequel il destine son épervier. Il peut également se faire aider d’une aide pour battre les haies afin d’y déloger un merle.
L’épervier offre un très joli spectacle, il est explosif, téméraire, éblouissant, hardi, courageux, tant de mots peuvent qualifier cette petite merveille de la prédation considérée comme l’un de nos plus beaux oiseaux de bas vol.