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Histoire de la Fauconnerie

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Découvrez l’histoire de la fauconnerie


Où et quand l’homme a-t-il eu l’idée de s’associer avec un oiseau de proie pour chasser ?

Les origines de la chasse au vol se perdent dans la nuit des temps et les premiers témoignages de cet art si fascinant remontent à plus de 4000 ans sur les hauts plateaux d’Asie où l’on trouve encore aujourd’hui la plus grande concentration naturelle de rapaces ! Les Kirghizes, peuple nomades et chasseurs, pourraient bien avoir été les premiers fauconniers. C’est également dans cette région que les paléontologues situent il y a environ 12 000 ans la première domestication du cheval.

A l’époque des comptoirs Assyrien en Anatolie, au début du 2ème millénaire, nous avons trouvé beaucoup de sceaux représentants le dieu de la chasse. Il porte le plus souvent une jupe courte et tient sur la main un oiseau de taille variable au bec souvent recourbé et une arme sur l’épaule.

Le Dieu est parfois représenté au seul attribut avec un oiseau assis sur le poing auquel peut être joint un lièvre. L’analogie est remarquable entre cette représentation et la manière qu’on les chasseurs au vol de porter aujourd’hui encore simultanément le gibier et leur oiseau au poing.

De nombreuses  fouilles archéologiques ont mis en évidence différentes stèles attestant que l’art de la chasse au vol était une pratique ancestrale. 

Le musée du Louvre conserve notamment une de ces stèles de bas-relief hittite représentant l’une des plus anciennes scènes de l’art de la fauconnerie. (datation : XIIIe siècle avant J-C)

Cette stèle représente le scribe Tarhunpija, sur les genoux de sa mère, tenant sur son bloc un faucon au moyen d’une longe. Une autre stèle d’art hittite représente deux fauconniers en file indienne, le second porte son oiseau sur le poing droit et la longe est tenue sur la main gauche.

Ces précieuses créations artistiques sont les plus anciens témoignages attestant aujourd’hui des origines de la chasse au vol. Elles confirment également la croyance médiévale qui attribuait à L’Orient l’invention de l’art de la chasse au vol avec un faucon.

Comment la chasse au vol s’est-elle propagée dans le monde et en France ?

La chasse au vol s’est cantonnée pendant longtemps dans les contrées d’Asie pénétrant relativement peu les bassins méditerranéens.
Curieusement, que cela soit en Égypte ou dans les civilisations grecques ou romaines, la chasse au faucon semble avoir été très peu développée voir complètement ignorée.
Aucun écrit ne fait référence à une pratique de la chasse au vol chez les grecs alors qu’elle y est décrite par les historiens comme un art appartenant à la culture barbare.
Autre fait intéressant, il n’existe aucun vocable dans la langue d’Homère pour la désigner. La chasse au vol est tout aussi négligée par Rome, et la langue latine n’utilise  que le terme “accipiter” pour désigner indifféremment tous les rapaces chasseurs (faucons, éperviers, autour).

L’expansion de la fauconnerie se veut donc très tardive et ne sera introduite en Europe qu’au cours des grandes invasions germaniques au IVe siècle. C’est au cours de ces guerres que les Celtes et les gaulois l’ont apprise des Germains.
Les invasions mongoles, quant à elles, ont également introduit la chasse au vol en extrême orient sur la même période. Au IIIe siècle après J-C, la fauconnerie a été importée de Chine au Japon.  Elle y sera maintenue par la maison impériale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, considérant la fauconnerie comme un symbole de la noblesse, d’un certain statut et d’un esprit guerrier. C’est au VIIème siècle que le monde arabe va découvrir la fauconnerie.

C’est à ce moment que la fauconnerie voyage dans le monde, se transmet et  se perfectionne jusqu’à atteindre son rayonnement à partir du XIIIème siècle en Europe. Au début du XIIIe siècle Frédéric II rapporte l’usage du chaperon de sa croisade (1228-1229) qui va révolutionner la pratique avec l’usage du leurre.

L’Empereur Frédéric II de Hohenstauffen divulgue à ce moment le plus célèbre traité de fauconnerie d’Occident, le “De arte venandi cum avibus” (De l’art de chasser au moyen des oiseaux).

Ce véritable monument de la connaissance des oiseaux au XIIIème siècle qui avait pour objectif de rétablir la vérité sur la fauconnerie qui était, selon l’Empereur, trop approximative avec beaucoup de données inexactes.

Le moyen âge marque le premier âge d’or de la fauconnerie et le faucon joue un rôle primordial dans la vie aristocratique, occidentale comme orientale.
Au XIV siècle, la fauconnerie royale se développe sous Charles VI qui institue la charge de “grand fauconnier de France”. La chasse au vol bénéficie alors d’une réglementation particulièrement stricte et encadrée. Le gibier est réservé aux nobles, le héron est réservé au roi, les désairages d’aires sur les garennes (les propriétés où on chassait chez le noble ou le roi) sont très réglementée tout comme le piégeage des oiseaux de passage.

La fauconnerie continue alors de se répandre dans pratiquement tous les pays d’Europe et particulièrement en France jusqu’au XVIIème siècle.



Le XVIIème siècle : L’apogée de la fauconnerie sous le règne de Louis XIII

Henri IV a réorganisé la volerie et la vènerie sur un pied royal.
De tous les rois de France, ce fut son fils, Louis XIII, qui consacra le plus de temps et de moyen pour faire rayonner la fauconnerie. Véritable passionné et fauconnier dans l’âme, le roi offrira à la fauconnerie française son second âge d’or la faisant resplendir et admirer dans le monde, tant par ses techniques que par ses équipages impressionnants. En France ce n’est pas la prise qui compte, mais c’est la manière de la prendre (l’élégance, l’éthique, l’esthétique). Elle enseigne que la finalité ne justifie pas les moyens.

En 1616 la fauconnerie du roi comporte 300 oiseaux subdivisés en 6 équipages spécialisés :
– Vol pour héron
– Vol pour milan
– Vol pour corneille
– Vol pour champ (tout ce qu’on levait devant soi dans les champs)
– Vol pour pie
– Vol par émerillon

Louis XIV, plutôt veneur que chasseur au vol, va maintenir la fauconnerie royale pour le prestige de la cour et en hommage pour son père, néanmoins sa pratique est passée de mode progressivement. 

L’arrivée des armes à feu, les coûts et le temps associés, la difficulté de trouver de bons oiseaux et de bons fauconniers ont contribué à l’essoufflement de la fauconnerie.

La fauconnerie va alors pratiquement tomber dans l’oubli sous le règne de Louis XVI, les principaux équipages royaux seront démontés en 1787 et la révolution française portera le coup de grâce à ce mode de chasse trop évocateur de la noblesse et des privilèges seigneuriaux. 

Napoléon 1er, dans un souci de prestige créa néanmoins les services impériaux de vénerie et de fauconnerie. Quelques années plus tard, la fauconnerie est officiellement inexistante au XIX ème siècle et non répertoriée parmi les modes de chasse autorisés. La loi sur la chasse de 1844 ne mentionne plus la chasse au vol.


Néanmoins, la fauconnerie n’a jamais totalement disparu du cœur des hommes et quelques originaux vont continuer à la pratiquer avec passion malgré un cadre légal défavorable. La pratique ne fut guère contestée et les rapaces sont alors considérés comme des nuisibles à partir de la révolution.
En 1865, Napoléon III proposa même de pratiquer la fauconnerie officiellement au champs à Châlons, mais l’essai se termina en 1870 avec la chute de l’empire.

Renaissance de la fauconnerie en 1945

La renaissance de la fauconnerie en France est due à l’Association Nationale des Fauconniers et Autoursiers créée par Abel Boyer à la fin de la seconde guerre mondiale en 1945. Son rôle fut absolument essentiel pour la renaissance de cet art oublié.

Véritable passionné, Abel Boyer entreprit de rendre à la fauconnerie ses lettres de noblesse en redécouvrant et transmettant les techniques de la chasse au vol. Il fera paraître à cet effet un traité de fauconnerie et autourserie qui deviendra pendant longtemps la bible de tous les fauconniers français.

En 1954, l’A.N.F.A parvient à faire rétablir la chasse au vol comme mode de chasse légale en France et militera avec force pour la protection officielle des rapaces qu’elle obtiendra en 1972.

Mais cette renaissance ne se cantonne pas à la France. En Allemagne, Renz Waller et le docteur Brull, en Espagne Felix Rodriguez de la Fuente, en Angleterre Ronald Stevens et Jack Mavrogordato ont joué un rôle analogue pour contribuer à cette splendide renaissance.

En 2010 l’Art de la Fauconnerie est classé patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. La Fauconnerie Française voit ainsi couronner des dizaines d’années d’efforts pour que survive cet Art de la Chasse.

En France, l’A.N.F.A est la gardienne d’une tradition de plus 15 siècles de fauconnerie française et regroupe la plupart des pratiquants de la chasse au vol en France.

La fauconnerie est aujourd’hui pratiquée dans presque tous les pays d’Europe, en Asie, au Moyen Orient, en Afrique, et aux Etats Unis. Elle est strictement réglementée.