Depuis des milliers d’années, l’autour de palombes est utilisé comme oiseau de vol, et ce pour plusieurs raisons :
L’autour est un oiseau de Bas-Vol, ce qui signifie qu’il attaque sa proie depuis le poing du fauconnier, on dit « De poing en fort », par opposition à l’oiseau de « Haut Vol » qui fond sur sa proie après avoir pris au-dessus d’elle une altitude lui permettant d’atteindre une grande vitesse.
L’autour est un « sprinter » à l’égal de son petit frère, l’Epervier d’Europe (Accipiter Nisus).
Nous ne parlerons ici que des oiseaux nicheurs en France : en effet, la taille des Autours varie beaucoup en fonction de leur origine géographique.
Un tiercelet (mâle) nordique pourra ainsi être deux fois plus lourd que son homologue espagnol. Il y a en Corse une sous-espèce (Accipiter gentilis aragonii) de plus petite taille.
Les femelles (formes) sont toujours beaucoup plus lourdes que les mâles (tiercelets), et ce d’environ 1/3. Ainsi nos tiercelets feront de 550 à 700g et nos formes de 800g à 1kg.
Leurs envergures et longueurs sont d’environ (♂) 1m et 50cm, (♀) 1,2m et 60cm.
On considère qu’un couple nicheur a besoin d’un territoire de chasse de 3.000 à 5.000 hectares. Cette superficie varie en fonction de la richesse du milieu en proies potentielles. Il privilégie les zones très boisées mais optera toujours pour la proximité de lisières ou de larges allées propices à son mode de chasse : affut et poursuite courte, de même que l’alternance de plaines et boqueteaux. On constate d’année en année que les sites de nidifications se rapprochent des habitations, sans que l’on puisse se l’expliquer.
Leur répartition en France est assez homogène : seules les régions du quart nord-ouest sont peu ou pas habitées. On compterait en France de 6 à 7.000 couples nicheurs.
L’aire (le nid) est toujours en hauteur, entre 10 et 20m, dans la fourche sommitale d’un arbre ou une grosse branche latérale. Sa taille s’accroit au fil des années et peut atteindre de 1.2m à 1.50m de diamètre pour une hauteur de 60/70cm. Elle est regarnie chaque année, et c’est souvent la présence de feuillages verts qui dénote l’occupation probable de l’aire. Elle ressemble beaucoup à celle de la buse variable.
La ponte commence début avril et comporte 3 ou 4 œufs. L’incubation dure de 35 à 40 jours. Les jeunes ne s’éloigneront de l’aire que vers la fin du mois de juin. Ils seront dits alors « branchiers ». (La sous-espèce Aragonii pond environ trois semaines plus tard).
Les prélèvements pour la fauconnerie se font au début du mois de juin, juste avant que l’élève ne soit « branchier ».
Petit à petit, la nourriture apportée par les parents se réduira pour contraindre les jeunes à chasser. Dans la deuxième quinzaine de juillet, les jeunes sont autonomes, et dans les semaines qui suivront, ils seront priés fermement par les parents de se trouver un autre terrain de chasse. L’éloignement des jeunes dépend surtout de l’abondance des proies locales.
Ses proies sont multiples : on se réfèrera à la liste d’Utendoerfer établie en 1952, par l’analyse minutieuse des pelotes de réjection trouvées dans 317 aires réparties dans toute l’Allemagne.
Au tableau de chasse des autours observés, on trouve 8.300 oiseaux de 120 espèces différentes, auxquels s’ajoutent 710 mammifères de 13 espèces différentes.
L’autour des palombes chasse très souvent à l’affut, généralement posté en lisière de forêt pour capturer ses proies par surprise. Il s’agit d’un oiseau extrêmement agile et qui dispose d’une précision de vol remarquable.
Comme on le voit, l’autour des palombes présente une aptitude maximale à voler des proies très variées. Plume et poil sont au menu.
On recherchera les aires dès le mois de février. Il est difficile à cette époque de différencier les aires de buses variables de celle des autours : mais l’absence de feuillage facilite l’observation. On tendra l’oreille… et on reviendra régulièrement surveiller l’évolution de la construction, puis sa réelle occupation.
L’autour des palombes est un rapace relativement facile à affaiter, bien que d’un caractère assez vif : en suivant les conseils d’un autoursier aguerri, on peut tout à fait le « civiliser » et en faire un compagnon de chasse idéal.
Forme ou tiercelet ? Oiseau local ou nordique ? Tout est affaire de choix, mais on veillera surtout à prendre un oiseau correspondant au gibier présent sur son ou ses territoires de vols. Une forme, plus puissante, sera souvent plus constante sur le gibier à poil, le tiercelet plus efficace sur la plume, sans que l’on puisse généraliser. Les oiseaux très puissants devront être réservés aux territoires riches en lièvres.
L’autour est un oiseau vif, toujours en alerte, doté d’une solide confiance en lui : ayez confiance en lui et vous aurez en sa compagnie beaucoup d’heures de bonheur !
P.S On ne saurait trop recommander d’avoir sous la main le livre de Paul Géroudet « Les Rapaces d’Europe diurnes et nocturnes » aux Editions Delachaux et Niestlé, même si les auteurs n’ont pas en grande estime les fauconniers, qui pourtant ont été absolument exemplaires dans la protection des rapaces. Et, pour une approche plus extensive de l’oiseau : « The Raptors of Europe and The Middle East » de Dick Forsman.