L’aigle royal est un oiseau de la famille des accipitridés, du genre Aquila.
C’est le plus puissant des oiseaux utilisés en Fauconnerie.
Les formes (femelles) sont un bon tiers plus grandes et plus lourdes que les tiercelets.
Diverses sous-espèces composent cette espèce : la plus grande (Aquila chrysaetos daphanea) de l’Azerbaïdjan à l’Est de la Mongolie, la forme peut atteindre les 7 kg et même les dépasser. La plus petite sous-espèce est celle qui vit sur les îles japonaises (Aquila chrysaetos Japonensis), les mâles peuvent faire un peu moins de 2.5 kg et les femelles un peu sous les 3.4 kg.
Exclusivement carnivore, il mange principalement des proies qu’il chasse, mais en hiver, il ne dédaigne pas les carcasses d’animaux morts par les avalanches ou les intempéries.
Sa vue extraordinaire qui peut maintenant être mesurée, permet de dire que de loin, il voit environ 2.5 fois mieux que l’homme. Son sens chromatique lui permet de séparer les couleurs beaucoup mieux que nous, ce qui lui permet de voir un lièvre marron sur un champ marron à plusieurs centaines de mètres, ce que l’humain est incapable de voir.
C’est un oiseau économe ; S’il est capable de digérer en moins de 12 heures un repas complet, il peut rester une semaine sans la moindre nourriture. Il préfèrera toujours se prélasser sur un coin de rocher ou sur une branche à se refaire le plumage plutôt que de dépenser inutilement son énergie. En période nuptiale, il est beaucoup plus actif et démontre des capacités incroyables de vol en faisant des acrobaties aériennes très spectaculaires.
Il est présent sur tous les continents du globe sauf l’Australie où il est remplacé par l’aigle audacieux (Aquila audax). En Europe, les aigles royaux préfèrent la montagne mais on peut aussi le rencontrer en plaine en Espagne où ils préfèrent nicher dans les canyons. Pour autant ce n’est pas un oiseau commun. La population française est à peu près de 900 couples répartis dans les massifs montagneux : Alpes, Pyrénées, Massif central, et maintenant dans les Vosges et le Jura.
Il se nourrit de toutes sortes de mammifères et oiseaux qu’il trouve dans son espace vital.
Certaines espèces qui fréquentent les vallées sèches de Turquie, ne mangent presque que des tortues pour lesquelles elles ont mis en place une méthode particulière : À l’imitation des gypaètes, elles emportent dans leurs serres les proies qu’elles lâchent d’une grande hauteur pour les faire exploser au sol, ce qui leur garanti une pitance abondante.
En Europe, elles capturent des marmottes, des lièvres variables, lagopèdes, des renards et renardeaux, des chevrillards, des chevreaux d’isards et de chamois, quelquefois des éterlous, des tétras. Bien d’autres proies font partie de son menu, lézards, couleuvres, lapins, chats arrêts, buses variables, cormorans, goélands…
L’aigle niche presque toujours dans une anfractuosité rocheuse abritée d’un surplomb. Cependant, certains d’entre eux nichent aussi dans des arbres, notamment dans les pays nordiques où leurs choix sont les plus vastes. Les parades nuptiales sont extrêmement spectaculaires : ils virevoltent dans les airs à très haute altitude en faisant des orbes sinusoïdales. Généralement, il construit quatre ou cinq aires qu’il utilise les unes après les autres.
Très territorial, les aigles ne supportent aucun intrus pendant la nidification. Des combats mortels peuvent être constatés sur les sites où la population est très importante. En mars, deux ou trois œufs sont pondus et couvés principalement par la femelle. Pendant qu’elle couve, le mâle se contente de chasser de petites proies pour les rapporter au nid et la nourrir. Il peut arriver qu’elle laisse sa place pour se dégourdir les ailes. La durée d’incubation est de 35 à 45 jours avec une moyenne de 42 jours. Les œufs étant pondus tous les trois ou quatre jours, si le premier qui nait est une femelle et le second un mâle, il est fort probable que la différence de tailles des jeunes entraine un caïnisme laissant un seul jeune au nid. Si c’est le contraire, il est possible que les deux jeunes arrivent à maturité ensemble. Après deux mois et demi, les jeunes sont prêts pour l’envol. Ils resteront jusqu’à la prochaine parade pour finalement partir ou être chassé du site où ils sont nés. Il leur faudra attendre de 5 à 7 ans avant de se constituer en couple reproducteur.
L’aigle est connu depuis la nuit des temps comme oiseau de chasse. La pierre gravée montrant un aigle au poing d’un fauconnier à cheval est datée de plus de 4000 ans.
Sans doute venue des plaines d’Asie centrale, la chasse au vol a migré d’abord en Chine, puis en suivant la route de la soie vers les pays arabes puis l’Europe. L’aigle en est l’espèce la plus imposante mais aussi la moins utilisée. Sa force, son caractère, sa violence, en font un oiseau redoutable et redouté. Pour autant, s’il est élevé dans de bonnes mains, il peut être un excellent acolyte de chasse. Sa masse lui donne une impression de lenteur, mais ne vous y fier pas, l’aigle est sans aucun doute, le plus rapide en vol horizontal des oiseaux de bas vol. Bien sûr, il lui faut un peu de temps pour se lancer, mais une fois le rythme en place, qu’importe le vent, la pente, les obstacles, il en fait fit.
Très habile et manœuvrier, il est capable de plongeons vertigineux, de cabrioles explosives, de ressources inimaginables, de vols si puissants et si longs qu’aucun autre oiseau ne peut s’y comparer.
Son gibier préféré est sans aucun doute le lièvre. Sa vitesse, ses esquives, ses sauts, ses défenses sont si variées que seul l’aigle en vient à bout régulièrement. Il ne se lasse jamais. Même si la forme de l’autour peut être excellente à la prise du lièvre, sa constance va diminuant avec le temps, les prises engageant de si forts combats font que son ardeur finit toujours par baisser. On peut penser la même chose de l’aigle sur le chevreuil, autre prise de choix pour cet oiseau si puissant.
L’aigle vole du poing, ce qui en fait un oiseau de basse volerie. Cependant, quelques fauconniers d’expérience, volent en région de collines (Écosse), de moyenne montagne (Massif central), et en font un oiseau de grand haut vol en les laissant chasser de leur propre chef des gibiers ciblés dans ces régions dépeuplées.
Ainsi un fauconnier vole le renard très régulièrement avec des plafonds de plusieurs centaines de mètres de hauteur. La difficulté résidant dans la récupération de l’oiseau et du gibier, aucune aide n’est possible rapidement dans ce style de vol que nous ne conseillons qu’à des personnes gérant leur oiseau depuis de longues années sans incident. Certes cette chasse est sans aucun doute à l’apogée de ce que peut faire cet oiseau en mains d’homme, mais les terrains sont rares et difficiles d’accès. La chasse se pratique en lignes de battues de plaines qui peuvent être assez longues puisqu’en République Tchèque à la réunion d’Opoczno, les invitations sont bloquées à 50 aigles. On peut s’imaginer une ligne de 20 aigles qui peut faire 6 ou 700 mètres de largeur. La ligne avance de concert, chaque aigliers qui vole lance son crie « Orel !!!», puis il avance seul vers la prise et récupère son aigle. Pendant ce temps personne ne bouge. Jamais l’aiglier ne revient car il pourrait lever d’autres lièvres. Ainsi de suite pour couvrir le terrain prévu à cet effet. Nous avons pu constater des chasses où nous ne faisions que quelques centaines de mètres en quatre heures tellement la densité d’animaux était élevée (plus de 4 lièvres par hectare). Pour autant, chacun pu voler à loisir autant de lièvres que son aigle pouvait. Jamais les tableaux ne sont indécents ; souvent, dans ces réunions, le nombre de prises est limité à deux par aiglier.
En Europe, les réunions d’aigliers sont nombreuses. En Europe de l’Est, depuis une vingtaine d’années, en République Tchèque, Slovaquie, Serbie, Hongrie, Autriche, Allemagne, des réunions rassemblent plusieurs dizaines d’aigliers venus de tous pays.
En France, cette chasse est plus marginale et ne concerne qu’un peu moins de vingt fauconniers. Sans doute cela est-il dû aux populations de lièvres et de gibiers bien inférieures à celles de ces pays. Cependant, depuis une dizaine d’années, quelques équipages se montent autour de professionnels soit de l’effarouchement soit de la présentation d’oiseaux en vol libre.
Néanmoins, l’engouement vers le vol de ces oiseaux puissants, doit être contrôlé par une recherche de qualité tant dans le vol que dans les installations aussi bien que le matériel nécessaire à l’entretien de ces oiseaux.
Fort heureusement, la reproduction en captivité de ces oiseaux est si difficile qu’elle ne propose que peu de jeunes sur un marché en pleine croissance. Il est bon de savoir qu’un aigle, en mains d’homme, peut vivre 35 ans et plus, ce qui n’en fait pas un jouet qu’on peut abandonner à loisir de nos souhaits. Les conditions de bientraitance animale qu’il faut leur réserver doivent faire réfléchir avant toute acquisition.
En Asie centrale et en Mongolie, les aigles royaux sont utilisés pour protéger les troupeaux de la présence des loups. Si cette prise reste mythique et rare, les loups sont chassés en permanence car ils opèrent de grandes nuisances sur les élevages. Un proverbe local décrit bien cela : « Loups rare, bon loup ». Les Kazakhs chassent depuis toujours avec cet oiseau, tout d’abord parce qu’ils sont fréquents et en population vivace, mais aussi pour chasser le renard qui leur fourni une peau de très bonne qualité. De plus, les aigliers sont admirés par les autres personnes pour leur courage et leur intrépidité.
Certains d’entre deux sont même devenus musée national vivant, comme l’aiglier Alik.
D’autres aigles peuvent être utilisés comme oiseau de chasse : l’aigle de Bonelli (Aquila fasciata), l’aigle fascié (Aquila spilogaster), l’aigle de Verreaux (Aquila verreauxii), l’aigle couronné (Stéphanoetus coronatus), l’aigle martial (Polemaetus bellicosus), l’aigle orné (Spizaetus ornatus), L’aigle huppé (Nizaetus cirrhatus), l’aigle de montagne (Nizaetus nipalensis), et quelques autres petits aigles asiatiques, sud-américains, africains. Ces oiseaux ne sont pas utilisés en France pour l’instant, d’autant que les aigles couronnés et martiaux ne sont pas dans la liste des oiseaux autorisés pour pratiquer la chasse au vol.
Tous ces aigles ont les mêmes constantes : des ailes assez courtes (comme les autours), un vol battu rapide et fort, une queue longue et très dirigeante. Mis à part les aigles de Bonelli et fascié, qui sont très volants et très manœuvriers, les autres sont utilisés dans leurs pays d’origine. Les nizaètes et spizaètes sont très sensibles à nos climats et ont une grande fragilité en rapport à cela. Ce sont des oiseaux extrêmement rares en captivité ce qui en font des oiseaux très difficiles à obtenir.