Aux Etats-Unis, presque tout le monde est familier avec la Buse à queue rousse, pas seulement les fauconniers et les ornithologues, mais aussi les amateurs de la nature et de la vie sauvage, les photographes animaliers, les personnes qui nourrissent les oiseaux dans leur jardin. Tout le monde connait le cri perçant de la queue rousse puisque ce cri est utilisé dans la très grande majorité des films et documentaires produits par Hollywood lorsqu’il s’agit d’évoquer la beauté sauvage d’un paysage. D’ailleurs, peu importe si l’oiseau montré à l’écran est un aigle, un vautour ou un condor, on entendra pratiquement toujours le cri distinct de la Queue Rousse à ce moment-là !
La Buse à queue rousse est endémique de la presque totalité du continent nord-américain, et elle est aussi présente en Amérique Centrale ainsi qu’aux Caraïbes. C’est un des rapaces les plus communs et les plus répandus aux Etats-Unis.
En termes de taille, c’est aussi la plus grande espèce de buse (buteo) à l’Est du Mississippi, et la seconde à l’Ouest du Mississippi (après le Ferruginous Hawk). Il s’agit d’un oiseau extrêmement adaptable, qui peut se trouver en forêt, en montagne, près des côtes, en milieu rural, agricole, marécageux, semi urbain, en banlieue, ou en plein cœur d’une grande ville, l’exemple le plus connu étant le célèbre Pale Male qui vivait à Central Park au cœur de New York City dans les années 1990, et auquel plusieurs livres et documentaires ont été consacrés. L’étendue immense du territoire de la QR implique évidemment une grande différence de coloration au niveau du plumage en fonction de la provenance géographique de l’oiseau.
Il existe aujourd’hui 18 sous-espèces reconnues de QR qui varient en fonction de leur aire de distribution et de leur coloration.
Les 3 principales sous-espèces sont la “borealis” (il s’agit de la QR la plus standard et la plus commune, à l’Est du Mississippi) ; la “krider” qui a une coloration très claire allant du rouge très pâle aux nuances de rose, et même au blanc ; et la “harlan” qui est à l’opposé et qui présente une coloration très sombre allant du marron foncé au presque noir. Ces différentes sous-espèces peuvent se reproduire entre elles, ce qui complique grandement la tâche quand il s’agit d’identifier exactement à quelle sous-espèce appartient tel oiseau.
Les oiseaux de la partie Est des Etats-Unis sont légèrement plus grands que ceux de la partie Ouest du pays. Par contre, les oiseaux de la moitié Ouest présentent en général une coloration plus foncée que ceux qui sont présents sur la moitie Est du pays. Les QR qui proviennent du Sud Est des Etats-Unis (Louisiane, Mississippi, Floride…) sont souvent claires, et les plumes de leur queue (ce qu’on appelle le “train” aux USA) sont parfois entièrement rouges, sans la bande terminale noire qui est typique des autres QR. Il est d’ailleurs relativement courant pour les fauconniers qui habitent les états du Sud-Est d’y attraper des “krider” (La règlementation aux USA autorise la capture de rapace pour la pratique de la fauconnerie).
Comme toutes les autres espèces de rapaces, la QR présente un dimorphisme sexuel où les femelles sont environ 1/3 plus grandes, plus lourdes et plus puissantes que les mâles de la même espèce. Cette différence de taille est un avantage considérable pour les rapaces car elle permet aux deux parents de capturer des proies de tailles variées, ce qui augmente les chances de survie des jeunes oisillons dans le nid. Même s’il est impossible de donner des chiffres exacts, on peut cependant dire qu’un mâle QR pèsera en général entre 700 et 1000 grammes, et une femelle QR entre 1000 et 1300 grammes (mais ces chiffres restent très vagues).
La QR est une buse opportuniste et généraliste, ce qui explique sans doute son succès dans la nature et il semblerait que les populations sauvages soient en légère augmentation.
Les petits rongeurs (souris, rats, mulots, campagnols…) et les autres petits mammifères (écureuils, lapins, lièvres, chiens de prairie …) constituent la base de son alimentation, mais il n’est pas rare de voir la QR capturer des oiseaux tels que la perdrix, le faisan, le canard, le pigeon. Les amphibiens et les reptiles sont aussi parfois consommés, de même que les couleuvres et les crotales.
Parfois, les jeunes QR sont observées en train d’essayer de pirater les Balbuzards Pêcheurs (Osprey) de leur poisson, mais cela reste un acte de chasse rare.
La Buse à queue rousse emploie principalement 2 techniques de chasse :
La 1ere consiste simplement à utiliser un perchoir relativement élevé (arbres, câbles électriques, poteaux téléphoniques, panneaux publicitaires, etc.) comme point d’observation, et attendre qu’une proie potentielle se présente.
La seconde méthode de chasse est un vol d’observation relativement lent, soit à quelques dizaines de mètres du sol, soit beaucoup plus haut dans le ciel, dont le but est de repérer les proies potentielles cachées au sol.
Ces 2 techniques de chasse permettent à la QR de chasser tout en économisant un maximum d’énergie. Une fois la proie repérée, la QR est capable d’une vitesse de vol surprenante. Les proies les plus petites sont avalées d’un seul coup, en 2 ou 3 beccades, souvent à même le sol.
Les proies plus conséquentes sont d’abord tuées au sol avant d’être déchiquetées en petits morceaux et consommées sur un perchoir à proximité. Tout comme les autres espèces de rapaces, la QR peut passer quelques jours sans manger après avoir consommé une proie relativement importante.
La buse à queue rousse atteint la maturité sexuelle environ vers l’âge de 3 ans. C’est un oiseau monogame qui établit des liens conjugaux forts avec la même partenaire pendant une longue période. Toutefois, si l’un des membres du couple vient à disparaître, le survivant procède à sa substitution assez rapidement. La buse à queue rousse est extrêmement territoriale et accomplit une défense attentive de sa zone d’influence pendant plusieurs années consécutives.
L’ accouplement est généralement précédé de parades aériennes spectaculaires au cours desquelles les partenaires effectuent des vols circulaires, des plongeons vertigineux et se saisissent parfois les serres.
Tout au début de la période de reproduction, le couple bâtit un nid de branches entre 4 et 21 mètres au-dessus du sol dans un arbre ou une structure artificielle. Ce dernier peut également être placé sur une corniche de falaise, dans une structure construite par l’homme à une plus grande hauteur encore. Le nid, fabriqué principalement avec des morceaux de bois, est garni avec de l’écorce, des épines de pin, des châtons de tremble ou d’autres matériaux végétaux. Il mesure presque un mètre de diamètre et 90 cm de profondeur. En mars ou en avril selon la latitude, la femelle dépose 1 à 3 oeufs à 1 jour d’intervalle l’un de l’autre. La taille de la ponte dépend surtout de l’abondance des proies. L’incubation, qui dure de 28 à 35 jours, est assurée principalement par la femelle mais le mâle la relaie de temps en temps quand elle s’absente pour chasser. Ce dernier s’occupe surtout du ravitaillement de la femelle quand elle couve. La femelle se charge de la répartition de la nourriture en la déchiquetant en petits morceaux.
Les premières queue rousse tout comme les buses de harris ont été importées légalement en France il y a environ 20 ans.
Ces deux espèces exotiques sont les rapaces les plus utilisés pour la chasse au vol aux Etats Unis. Elles ont le mérite d’offrir aux fauconniers français des oiseaux aux méthodes de chasse et caractères très différents par rapport aux accipiters utilisés historiquement dans la fauconnerie française (autour des palombes et épervier). Aujourd’hui, la Queue rousse est reconnue pour son agressivité et son efficacité particulièrement sur le poil.
Le choix de l’oiseau en Fauconnerie doit être un choix mûrement réfléchi et adapté à ses territoires ainsi qu’aux possibilités de gibier qui s’offrent au fauconnier.
La buse à queue rousse est un aigle modèle réduit et n’a rien de comparable avec la buse variable qui peuple le territoire français. Très chasseur, puissant avec un caractère affirmé, ce rapace est particulièrement performant sur le poil. Il est réputé pour la chasse au lapin et également le lièvre avec des formes (femelles) disposant d’une force de préhension de 120 kg/cm2 permettant d’immobiliser rapidement sa proie. Cette merveille de la prédation évite ainsi au maximum un risque de blessures s’il y a un combat.
Même si le poils reste son gibier de prédilection, il est possible de voler de la plume mais il faudra d’avantage se tourner vers un tiercelet, (mâle) plus petit et plus véloce. Son agilité n’égale peut être pas celle d’un accipiter, mais la buse à queue rousse rivalise avec les écureuils (chassable aux USA) dans les arbres. Ils constituent à ce titre, son gibier de prédilection aux Etats Unis.
Une autre particularité de cet oiseau c’est son courage, en plus de chasser des proies 3 fois plus grosses que son gabarit, il n’hésite pas à foncer dans les haies ou les ronciers pour aller chercher le gibier. Un buteonnier ne sort jamais sans son sécateur pour aider son compagnon de chasse si besoin.